http://s.huet.free.fr/paideia/paidogonos/ewleg.htm
http://pedagogie.ia84.ac-aix-marseille.fr/litt/litt0.htm
La lecture à haute voix
Avant propos
Lors des premiers contacts avec le code écrit, on (l'enfant, les parents, l'école) développe rapidement une dynamique de lecture : lecture orale = contrôle automatique, immédiat, tant pour le lecteur que pour l'auditeur. C'est un moyen efficace et instantané de savoir si on a lu correctement (techniquement parlant); au début de l'apprentissage, l'enfant n'a pas besoin d'autre contrôle, les mots lus étant des mots connus, archiconnus et presque tous illustrés; il vérifie donc simplement si la prononciation émise par ses cordes vocales correspond à celle se trouvant dans sa "mémoire auditive". Le sens du mot n'a pas à intervenir puisqu'il est "confondu" avec son "empreinte visuelle" sauf évidemment pour les mots nouveaux.
Dès que les textes se complexifient, deviennent plus abstraits (règles d'un jeu par exemple), il faut développer d'autres moyens pour que ces mots prennent (donnent?) un sens. On passe alors par l'adulte ou "le grand" qui nous explique; des "systèmes" sont alors mis en place (ou pas) qui permettent à l'enfant de se débrouiller sans lire vraiment; il est ainsi capable de décoder des "textes" plus ardus sans se poser trop de questions et d'en comprendre les tenants et aboutissants.
Plus tard, la lecture de romans, d'histoires, de consignes à l'école, montre, par leur variété et leur quantité, les limites du jeune lecteur; s'il pouvait facilement donner un nom à tous les objets de son environnement ou "lire" les noms de tous les dinosaures de son livre, il ne peut plus se contenter de mémoriser, par une pratique constante, les "empreintes" (graphiques et auditives) de tous les mots qu'il rencontre. La recherche du sens prend enfin un sens et occupe ses forces mentales. Le recours à "l'oralisation" n'est plus un moyen aussi efficace pour lui permettre de trouver le sens de ce qu'il lit.
Ainsi, l'enfant a entendu la lecture d'histoires par ses parents, sa famille, ses maîtres(sse)s. Il peut restituer facilement les "Il était une fois", "dans la forêt se promenait une petite fille toute habillée de rouge"... Il n'a, par contre, jamais entendu "Il faisait monter du feu avec son bâton des étincelles; elles restaient accrochées au mur couvert de suie où elles brillaient comme des étoiles dans un ciel noir" (Derborence[1], chap. 1)
Est-ce à dire qu'il faudrait lire aux enfants tous les livres avant qu'ils puissent se les approprier ? Même si ces moments de lecture font partie des plaisirs forts de la vie (d'enfant et d'adulte), je doute qu'une systématisation apporte la solution au problème de la lecture.
Seule la poursuite de cet effort (recherche du sens, victoire sur la peur du mot nouveau, la peur de la tournure de phrase insolite ou du livre, de l’auteur -de l’autre J- inconnu) amènent des progrès réels; c'est alors le contexte (scolaire, social) qui a son rôle à jouer. On sait malheureusement que ce rôle n'est pas apprécié de la même façon par les enfants et que certains se retrouvent à 16 ans en train de ânonner tant en lecture silencieuse qu'en lecture "orale".
Venons-en à ces "jeunes" lecteurs, ces "vieux débutants" que je fréquente quotidiennement : la lecture, tant orale que silencieuse leur pose des problèmes: ils "cafouillent" en lisant à haute voix, (donc lisent de manière incompréhensible) et ne comprennent pas un traître mot de ce qu'ils viennent de lire. En lecture silencieuse,une bonne moitié d'entre eux ne comprennent pas non plus ce qu'ils lisent.
Une première difficulté vient de leur "technique de déchiffrement", souvent déficiente; des solutions existent : gammes, exercices de repérage, mémoire...
Ce phénomène de "non-lecture" est en partie causé par notre système scolaire qui veut que, dès qu'un élève sait "déchiffrer", on arrête de l'entraîner, tant oralement que silencieusement, sous prétexte que chaque enfant, par la force des choses, verra sa scolarité jonchée de mots, de textes, de livres, de "choses" de l'écrit qui "l'entraîneront" et amélioreront, par l'habitude, sa lecture; peut-on vraiment affirmer que l'apprentissage du déchiffrage de mots ou de phrases soit un outil suffisant pour faire face aux multiples facettes de l'écrit ? J'ai, pour ma part, de sérieux doutes.
La lecture "orale" est un phénomène particulier de la lecture, qui doit être considéré comme tel et donc "entraîné" de manière spécifique : par une lecture orale, il ne s'agit pas de vérifier si la "technique générale de lecture" est correcte, mais, pour le lecteur, de restituer le code de l'écrit dans le but de le transmettre à quelqu'un d'autre. Pour ce faire, il est nécessaire d'en avoir compris la substance ! C'est donc face à un phénomène différent de celui qui a marqué les débuts de l'apprentissage que nous nous trouvons. Petit, l'enfant utilisait l'oral pour contrôler si "techniquement" il lisait correctement (nous le faisons parfois aussi quand nous rencontrons une phrase à la syntaxe particulière ou en poésie); plus grand, la lecture à haute voix implique que l'enfant ait compris par avance ce qu'il lit pour restituer correctement le texte. La lecture à haute voix est donc un exercice nettement plus difficile que la lecture silencieuse (personnelle), non pas parce qu'il faut prononcer les mots mais parce que le but est que le texte soit compris par l'autre.
Pour les élèves que j'ai observés, la lecture orale m'a paru doublement complexe : d'une part, ils sont obligés de passer par une oralisation pendant leur lecture silencieuse, pour tenter de comprendre ce qu'ils lisent et, d'autre part, en lisant à haute voix, ils ne comprennent pas ! En fait, il ne peuvent pas comprendre. Il paraît évident que pour améliorer sa lecture à haute voix, il est nécessaire de travailler en priorité la lecture personnelle et silencieuse.
Des jeux pour lire mieux
Parmi les moyens facilement utilisables, un petit livre* (bon marché) destiné aux parents d'enfants de 7 à 11 ans m'a donné de nouvelles idées.
Comme l'indique son titre, il propose 140 jeux de lecture (orale, silencieuse parfois). Le nombre d'exercices est impressionnant, mais il faut savoir que plusieurs de ces jeux se ressemblent beaucoup et que parfois, seules des nuances infimes permettent de les distinguer.
Les principes (voir ci-dessous), l'état d'esprit, la dynamique que ces jeux induisent me paraissent tout à fait remarquables. J'en ai essayé quelques-uns avec ma classe (12 à 17 ans) et mon fils (9 ans), ça marche et, ce qui ne gâte rien, c'est souvent drôle !
Vous trouverez dans les pages suivantes un choix d'une cinquantaine d'exercices. Les consignes ne sont pas toujours exactement celles du livre; je les ai adaptées, souvent pour des questions de terminologie (déterminant à la place d'article...) mais aussi pour en simplifier l'énoncé, pour regrouper des exercices très voisins...
Des jeux pour lire mieux
Extraits de :
140 jeux pour lire vite (Je m'amuse en lisant avec mes parents)
YAK RIVAIS
Ed. RETZ - 1990
PRINCIPES DE BASE
1 L'enfant lit sa (ou ses) page(s) dans son livre en silence avant les jeux qu'on lui propose
2 La complicité qui s'établit au cours de ces jeux ne doit pas les transformer en travaux forcés !
3 Pour chaque jeu, il y a un joueur et un contrôleur; il est souvent prévu d'inverser les rôles ou d'opposer deux joueurs
4 L'enfant n'écrira rien au cours de ces jeux
5 La durée des séquences: ne dépassera pas 15 minutes
6 On ne fait pas porter les exercices sur l'entier du texte
7 Le choix et la longueur du texte sont d'un niveau que l'enfant est capable d'atteindre.
8 Les consignes de l'exercice sont expliquées; un ou plusieurs exemples sont montrés avant.
REMARQUES ET CONSEILS
-- L'enfant qui lit lentement a l'esprit accaparé par le déchiffrement, il ne peut formuler d'hypothèses sur ce qu'il lit, le sens lui échappe
-- Une bonne lecture ne segmente pas. Elle ne dilapide pas ses moyens à faire du B-A-BA, ni à séparer les syllabes. Pour comprendre, il faut lire plus vite que la parole.
-- Il ne faut pas courir après le sens mais dominer le déchiffrement pour anticiper.
-- On peut parfaitement adapter les règles ou les consignes à un nombre d'élèves plus élevé (groupes de 4, 5..., classe entière).
Ces exercices poussent l'enfant à réfléchir et l'obligent à une attention soutenue. Si mes élèves ont généralement beaucoup apprécié ce genre d'exercices, j'ai souvent dû les encourager à les finir car l'effort demandé est souvent très important pour eux.
1 SE "VOLER" LA PAROLE
Objectifs: suivre une lecture plus rapide, suivre un rythme collectif, anticiper.
Deux lecteurs (adulte et enfant) ou plus.
L'un commence la lecture à haute voix. L'autre suit des yeux. Quand il le désire, le lecteur silencieux peut continuer le lecture à voix haute, et donc en prendre le contrôle. Celui qui lisait à voix haute se tait et c'est son tour de suivre. Il reprend le commandement lorsqu'il veut se manifester de nouveau en poursuivant à voix haute la lecture. Chaque lecteur qui suit peut devenir leader quand il le souhaite en lisant à voix haute; celui qui lisait à voix haute devient alors automatiquement suiveur.
2 SUIS-MOI !
Objectifs: suivre une lecture plus rapide, suivre un rythme collectif, balayage, anticiper.
Deux lecteurs (adulte et enfant) ou plus.
L'adulte lit à haute voix la page de lecture de l'enfant. L'enfant suit des yeux. L'adulte s'arrête soudain, n'importe où. L'enfant doit montrer où l'adulte s'est arrêté, soit immédiatement, soit après un délai.
On peut aller jusqu'à une lecture très rapide; on peut aussi inverser les rôles.
Variante: Suis-moi avec obstacles.
L'adulte lit à haute voix. L'enfant suit. L'adulte cesse de lire à voix haute et continue silencieusement (l'enfant est prévenu !). Il lit ainsi silencieusement quelques mots et reprend à voix haute; il peut faire cela plusieurs fois de suite. L'enfant doit, à chaque reprise de parole de l'adulte, tâcher de retrouver où s'effectue la reprise.
3 CHRONOMÉTRAGE
a) L'enfant lit une dizaine de lignes à voix haute. Chronométrer la lecture de chaque ligne (ou paragraphe) et noter les temps. Demander à l'enfant pourquoi il lit telle ligne plus lentement ou plus vite que telle autre.
b) Lire un paragraphe silencieusement en le chronométrant
Le relire à voix haute en le chronométrant
Comparer, trouver des raisons justifiant la différence.
Remarque: Le chronomètre ne vient pas mesurer une performance mais donne des critères de comparaison et indique les progrès.
4 LECTURE A L'ENVERS
Objectifs: amener l'enfant à re-photographier les mots qu'il repère en partie grâce au contexte. L'amener à mieux cerner ses points de repère.
a) En alternant à chaque ligne, l'adulte et l'enfant lisent le texte en commençant à la fin de chaque ligne (de droite à gauche)
Exemple: l'envers à lecture 4 (ligne du titre de cet exercice)
b) Même exercice mais en commençant le texte par la dernière ligne.
c) L'adulte lit le texte à l'envers très vite. Demander à l'enfant de suivre. Où s'arrête l'adulte ?
5 UNE LIGNE SUR DEUX
Objectifs: attention, balayage, repérage, enchaînements, anticipation, pas le temps d'opérer des retours en arrière; intérêt grammatical.
L'adulte lit à voix haute une ligne sur deux. L'enfant, prévenu, essaie de suivre et montre où l'adulte s'interrompt. (lire vite).
Inverser les rôles.
Variante: L'adulte lit une ligne à voix haute, l'enfant la suivante...
6 UNE PHRASE SUR DEUX
L'adulte lit à voix haute une phrase sur deux. L'enfant, prévenu, essaie de suivre et montre où l'adulte s'interrompt. (ne pas lire trop vite).
Variante: L'adulte lit une phrase à voix haute, l'enfant la suivante...
7 LES OUBLIS
En traverfant la rue,
v'ai oublié de regarder à gaufe !
L'adulte lit à voix haute en omettant systématiquement le premier mot de chaque ligne. L'enfant suit. Quand l'adulte s'arrête, l'enfant montre où. Inverser les rôles.
Variantes:
- même exercice en omettant le dernier mot de la ligne.
- même exercice en omettant le premier et le dernier mot de chaque ligne.
- même exercice en omettant un mot quelconque (ou deux) dans la ligne.
- même exercice en omettant un mot sur deux. L'enfant suit et montre où l'adulte s'arrête.
- Inverser les rôles.
8 UN MOT SUR DEUX, AVEC ERREURS
L'adulte lit à voix haute (vite) un mot sur deux, mais parfois lit 2 mots consécutifs ou saute 2 mots. L'enfant (par exemple muni d'une clochette) signale les erreurs.
Inverser les rôles.
9 CHACUN SON TOUR UN MOT
L'adulte lit le premier mot, l'enfant le second... Difficile.
Ne pas lire un long paragraphe mais essayer plutôt de trouver un rythme régulier à deux.
10 LES MAJUSCULES
Objectifs: balayage sélectif rapide, repérage d'indices (intérêt grammatical).
L'adulte lit très vite les mots à majuscules de la page, dans l'ordre, et seulement ces mots. L'enfant suit et montre où l'adulte s'arrête.
Inverser les rôles, ne pas accepter les oublis.
Variante: en plus des mots à majuscule, lire aussi les mots qui les précèdent.
11 LA PONCTUATION
Objectifs: balayage sélectif rapide, anticipation, repérage d'indices (intérêt grammatical).
L'adulte lit (vite) la ponctuation (et elle seule !) ligne par ligne. L'enfant suit en balayant le texte des yeux. Il montre où l'adulte s'arrête.
Inverser les rôles; ne pas l'interrompre en cas d'omission mais la lui signaler après.
Attention : exercice très « prenant »
12 LES ACCENTS
L'adulte lit vite ligne par ligne les mots avec accent (aigu, grave, circonflexe, tréma). L'enfant suit en balayant le texte des yeux. Il montre où l'adulte s'arrête.
Inverser les rôles, ne pas accepter les oublis.
Variante: lire le texte sans prononcer les mots qui ont un accent.
13 COMBIEN D' ACCENTS ?
A vue d'oeil, trouver la ligne où il y a le plus d'accents. Celles où il n'y a qu'un accent. Les lignes où on peut trouver deux (ou trois) accents différents.
14 FAIS COMME MOI !
L'adulte dit sans le montrer un mot à accent de la lecture. L'enfant cherche le mot, vérifie quelle sorte d'accent est dans ce mot, et cherche alors un autre mot de la lecture possédant le même type d'accent.
15 LE MOT INTERDIT
Munir l'enfant d'une clochette (ou de n'importe quel instrument sonore).
L'enfant lit le texte à voix haute. Certains mots ne doivent pas être dits, il les connaît (exemple de mots interdits: je, qui, les prénoms, les verbes en ait...). Quand il arrive sur ces mots, il agite la clochette au lieu de les prononcer.
On peut remplacer la clochette par un mot "passe-partout".
16 LE ROBOT
a) Proposer à l'enfant de lire à voix haute en détachant les mots, à la manière d'une machine. Chaque mot, bref ou long, devra cependant être dit entièrement et sans hésiter.
b) Proposer à l'enfant de lire à voix haute en groupant les mots arbitrairement deux par deux. Les mots devront être dits ensemble, sans hésitation.
Exemple: C'était par / un beau / soir de / juin. Emmanuelle / ...
c) Proposer le même jeu en groupant les mots 3 par 3.
d) Proposer à l'enfant de lire d'un trait les groupes de mots compris entre deux signes de ponctuation (difficile).
17 LE OU LA
L'adulte lit un passage de la page en remplaçant les déterminants masculins par des déterminants féminins. Inverser les rôles.
Convenir que le devient la, la devient le, un devient une...
18 CHERCHE ET RATTRAPE-MOI !
L'adulte lit à voix haute un passage de son choix - sans dire à l'enfant où il l'a choisi. Pendant qu'il lit (pas trop vite), l'enfant cherche des yeux à le rejoindre.
Inverser les rôles.
19 SCHTROUMPFER
L'adulte lit à haute voix en remplaçant les verbes d'action du texte par le verbe unique schtroumpfer. Il accorde les verbes. L'enfant suit.
Inverser les rôles.
20 LES VERBES INTERDITS
A tour de rôle l'adulte et l'enfant lisent des mots (3, par exemple) du texte. Le premier les prend sur la première ligne, le second sur la deuxième, puis le premier sur la troisième.... Ils doivent les dire vite, presque du tac au tac, mais ils ne doivent jamais dire de verbes.
21 LONGUEUR DES MOTS
a) Sans compter les lettres, trouve le (les) mots les plus longs de la page.
b) On propose un mot à l'enfant. A lui de chercher dans la page des mots de même dimension.
22 A LA PÊCHE
a) Faire pêcher les mots les plus longs. Y a-t-il des mots qu'on retrouve dans chaque paragraphe, plusieurs fois.
b) Faire pêcher les lignes qui ont le moins de mots, le plus de signes de ponctuation...
c) Faire pêcher les noms propres, les mots coupés par un trait d'union.
d) Faire pêcher les phrases interrogatives, exclamatives, négatives.
23 L'ESSUIE-GLACE
L'adulte agite un crayon comme un essuie-glace sur la page que l'enfant lit à haute voix. Ralentir le mouvement du crayon pour augmenter la difficulté.
Variante: déposer le crayon (ou un autre objet long) n'importe où sur la page. Demander à l'enfant de lire quand même.
On peut utiliser plus d'un objet ou des objets plus encombrants J
24 LA LIGNE SAUTÉE
L'adulte lit rapidement à haute voix. L'enfant ne voit plus le texte mais sait que l'adulte va sauter une ou plusieurs lignes. Après la lecture, on lui rend le texte et il essaie de retrouver la(les) ligne(s) manquante(s).
Variante:
a) même exercice avec un ou plusieurs mots (pas plus de 3)
b) même exercice en sautant une (ou plusieurs) phrase(s)
On peut inverser les rôles: excellent exercice d'anticipation.
25 LE MOT REMPLACÉ
L'adulte lit à haute voix une douzaine de lignes. L'enfant suit des yeux. En lisant, l'adulte remplace un (2 ou 3) mot(s) par un autre de sens proche. A l'enfant, après la lecture, de signaler la substitution.
Variante: ajouter un mot (ou deux).
Attention à bien préparer son coup, ce n'est pas facile.
26 A L'ENVERS
Poser le texte à l'envers devant l'enfant. Lui demander de lire à haute voix tous les mots qu'il reconnaît, n'importe où, sans contorsions !
27 GRAND BALAYAGE VERTICAL
L'adulte lit à voix haute la première ligne, puis la dernière, puis la deuxième, puis l'avant-dernière... en progressant vers le centre de la page. L'enfant suit des yeux et montre où l'adulte interrompt sa lecture.
28 LIS UNE LIGNE
a) La page étant devant l'enfant, lui demander de lire une ligne qui commence par exemple par D ou d. L'enfant cherche et lit. Inverser les rôles...
b) Même exercice mais lire une ligne se terminant par telle ou telle lettre.
c) Même exercice mais lire la ligne où se trouve un mot précis, tel ou tel signe de ponctuation, une majuscule.
29 LA PÊCHE AUX MOTS
A tour de rôle, les deux lecteurs pêchent des mots...
- en br, cr, dr, fr, gr, pr, tr, vr
- en bl, cl, fl, gl, pl, vl
- en illa, ille, illi, illo, illu...
- en ail, aille, eil, eille, ouil, ouille, euil, euille, oeil...
- en elle, enne, erre, esse, ette
- en in, im, ain, ein, aim...
- en ien, oin
- en ion, tion
- en gu, gn, oe, ph, qu
- en ieu, ier, ian ...
Avant propos
Lors des premiers contacts avec le code écrit, on (l'enfant, les parents, l'école) développe rapidement une dynamique de lecture : lecture orale = contrôle automatique, immédiat, tant pour le lecteur que pour l'auditeur. C'est un moyen efficace et instantané de savoir si on a lu correctement (techniquement parlant); au début de l'apprentissage, l'enfant n'a pas besoin d'autre contrôle, les mots lus étant des mots connus, archiconnus et presque tous illustrés; il vérifie donc simplement si la prononciation émise par ses cordes vocales correspond à celle se trouvant dans sa "mémoire auditive". Le sens du mot n'a pas à intervenir puisqu'il est "confondu" avec son "empreinte visuelle" sauf évidemment pour les mots nouveaux.
Dès que les textes se complexifient, deviennent plus abstraits (règles d'un jeu par exemple), il faut développer d'autres moyens pour que ces mots prennent (donnent?) un sens. On passe alors par l'adulte ou "le grand" qui nous explique; des "systèmes" sont alors mis en place (ou pas) qui permettent à l'enfant de se débrouiller sans lire vraiment; il est ainsi capable de décoder des "textes" plus ardus sans se poser trop de questions et d'en comprendre les tenants et aboutissants.
Plus tard, la lecture de romans, d'histoires, de consignes à l'école, montre, par leur variété et leur quantité, les limites du jeune lecteur; s'il pouvait facilement donner un nom à tous les objets de son environnement ou "lire" les noms de tous les dinosaures de son livre, il ne peut plus se contenter de mémoriser, par une pratique constante, les "empreintes" (graphiques et auditives) de tous les mots qu'il rencontre. La recherche du sens prend enfin un sens et occupe ses forces mentales. Le recours à "l'oralisation" n'est plus un moyen aussi efficace pour lui permettre de trouver le sens de ce qu'il lit.
Ainsi, l'enfant a entendu la lecture d'histoires par ses parents, sa famille, ses maîtres(sse)s. Il peut restituer facilement les "Il était une fois", "dans la forêt se promenait une petite fille toute habillée de rouge"... Il n'a, par contre, jamais entendu "Il faisait monter du feu avec son bâton des étincelles; elles restaient accrochées au mur couvert de suie où elles brillaient comme des étoiles dans un ciel noir" (Derborence[1], chap. 1)
Est-ce à dire qu'il faudrait lire aux enfants tous les livres avant qu'ils puissent se les approprier ? Même si ces moments de lecture font partie des plaisirs forts de la vie (d'enfant et d'adulte), je doute qu'une systématisation apporte la solution au problème de la lecture.
Seule la poursuite de cet effort (recherche du sens, victoire sur la peur du mot nouveau, la peur de la tournure de phrase insolite ou du livre, de l’auteur -de l’autre J- inconnu) amènent des progrès réels; c'est alors le contexte (scolaire, social) qui a son rôle à jouer. On sait malheureusement que ce rôle n'est pas apprécié de la même façon par les enfants et que certains se retrouvent à 16 ans en train de ânonner tant en lecture silencieuse qu'en lecture "orale".
Venons-en à ces "jeunes" lecteurs, ces "vieux débutants" que je fréquente quotidiennement : la lecture, tant orale que silencieuse leur pose des problèmes: ils "cafouillent" en lisant à haute voix, (donc lisent de manière incompréhensible) et ne comprennent pas un traître mot de ce qu'ils viennent de lire. En lecture silencieuse,une bonne moitié d'entre eux ne comprennent pas non plus ce qu'ils lisent.
Une première difficulté vient de leur "technique de déchiffrement", souvent déficiente; des solutions existent : gammes, exercices de repérage, mémoire...
Ce phénomène de "non-lecture" est en partie causé par notre système scolaire qui veut que, dès qu'un élève sait "déchiffrer", on arrête de l'entraîner, tant oralement que silencieusement, sous prétexte que chaque enfant, par la force des choses, verra sa scolarité jonchée de mots, de textes, de livres, de "choses" de l'écrit qui "l'entraîneront" et amélioreront, par l'habitude, sa lecture; peut-on vraiment affirmer que l'apprentissage du déchiffrage de mots ou de phrases soit un outil suffisant pour faire face aux multiples facettes de l'écrit ? J'ai, pour ma part, de sérieux doutes.
La lecture "orale" est un phénomène particulier de la lecture, qui doit être considéré comme tel et donc "entraîné" de manière spécifique : par une lecture orale, il ne s'agit pas de vérifier si la "technique générale de lecture" est correcte, mais, pour le lecteur, de restituer le code de l'écrit dans le but de le transmettre à quelqu'un d'autre. Pour ce faire, il est nécessaire d'en avoir compris la substance ! C'est donc face à un phénomène différent de celui qui a marqué les débuts de l'apprentissage que nous nous trouvons. Petit, l'enfant utilisait l'oral pour contrôler si "techniquement" il lisait correctement (nous le faisons parfois aussi quand nous rencontrons une phrase à la syntaxe particulière ou en poésie); plus grand, la lecture à haute voix implique que l'enfant ait compris par avance ce qu'il lit pour restituer correctement le texte. La lecture à haute voix est donc un exercice nettement plus difficile que la lecture silencieuse (personnelle), non pas parce qu'il faut prononcer les mots mais parce que le but est que le texte soit compris par l'autre.
Pour les élèves que j'ai observés, la lecture orale m'a paru doublement complexe : d'une part, ils sont obligés de passer par une oralisation pendant leur lecture silencieuse, pour tenter de comprendre ce qu'ils lisent et, d'autre part, en lisant à haute voix, ils ne comprennent pas ! En fait, il ne peuvent pas comprendre. Il paraît évident que pour améliorer sa lecture à haute voix, il est nécessaire de travailler en priorité la lecture personnelle et silencieuse.
Des jeux pour lire mieux
Parmi les moyens facilement utilisables, un petit livre* (bon marché) destiné aux parents d'enfants de 7 à 11 ans m'a donné de nouvelles idées.
Comme l'indique son titre, il propose 140 jeux de lecture (orale, silencieuse parfois). Le nombre d'exercices est impressionnant, mais il faut savoir que plusieurs de ces jeux se ressemblent beaucoup et que parfois, seules des nuances infimes permettent de les distinguer.
Les principes (voir ci-dessous), l'état d'esprit, la dynamique que ces jeux induisent me paraissent tout à fait remarquables. J'en ai essayé quelques-uns avec ma classe (12 à 17 ans) et mon fils (9 ans), ça marche et, ce qui ne gâte rien, c'est souvent drôle !
Vous trouverez dans les pages suivantes un choix d'une cinquantaine d'exercices. Les consignes ne sont pas toujours exactement celles du livre; je les ai adaptées, souvent pour des questions de terminologie (déterminant à la place d'article...) mais aussi pour en simplifier l'énoncé, pour regrouper des exercices très voisins...
Des jeux pour lire mieux
Extraits de :
140 jeux pour lire vite (Je m'amuse en lisant avec mes parents)
YAK RIVAIS
Ed. RETZ - 1990
PRINCIPES DE BASE
1 L'enfant lit sa (ou ses) page(s) dans son livre en silence avant les jeux qu'on lui propose
2 La complicité qui s'établit au cours de ces jeux ne doit pas les transformer en travaux forcés !
3 Pour chaque jeu, il y a un joueur et un contrôleur; il est souvent prévu d'inverser les rôles ou d'opposer deux joueurs
4 L'enfant n'écrira rien au cours de ces jeux
5 La durée des séquences: ne dépassera pas 15 minutes
6 On ne fait pas porter les exercices sur l'entier du texte
7 Le choix et la longueur du texte sont d'un niveau que l'enfant est capable d'atteindre.
8 Les consignes de l'exercice sont expliquées; un ou plusieurs exemples sont montrés avant.
REMARQUES ET CONSEILS
-- L'enfant qui lit lentement a l'esprit accaparé par le déchiffrement, il ne peut formuler d'hypothèses sur ce qu'il lit, le sens lui échappe
-- Une bonne lecture ne segmente pas. Elle ne dilapide pas ses moyens à faire du B-A-BA, ni à séparer les syllabes. Pour comprendre, il faut lire plus vite que la parole.
-- Il ne faut pas courir après le sens mais dominer le déchiffrement pour anticiper.
-- On peut parfaitement adapter les règles ou les consignes à un nombre d'élèves plus élevé (groupes de 4, 5..., classe entière).
Ces exercices poussent l'enfant à réfléchir et l'obligent à une attention soutenue. Si mes élèves ont généralement beaucoup apprécié ce genre d'exercices, j'ai souvent dû les encourager à les finir car l'effort demandé est souvent très important pour eux.
1 SE "VOLER" LA PAROLE
Objectifs: suivre une lecture plus rapide, suivre un rythme collectif, anticiper.
Deux lecteurs (adulte et enfant) ou plus.
L'un commence la lecture à haute voix. L'autre suit des yeux. Quand il le désire, le lecteur silencieux peut continuer le lecture à voix haute, et donc en prendre le contrôle. Celui qui lisait à voix haute se tait et c'est son tour de suivre. Il reprend le commandement lorsqu'il veut se manifester de nouveau en poursuivant à voix haute la lecture. Chaque lecteur qui suit peut devenir leader quand il le souhaite en lisant à voix haute; celui qui lisait à voix haute devient alors automatiquement suiveur.
2 SUIS-MOI !
Objectifs: suivre une lecture plus rapide, suivre un rythme collectif, balayage, anticiper.
Deux lecteurs (adulte et enfant) ou plus.
L'adulte lit à haute voix la page de lecture de l'enfant. L'enfant suit des yeux. L'adulte s'arrête soudain, n'importe où. L'enfant doit montrer où l'adulte s'est arrêté, soit immédiatement, soit après un délai.
On peut aller jusqu'à une lecture très rapide; on peut aussi inverser les rôles.
Variante: Suis-moi avec obstacles.
L'adulte lit à haute voix. L'enfant suit. L'adulte cesse de lire à voix haute et continue silencieusement (l'enfant est prévenu !). Il lit ainsi silencieusement quelques mots et reprend à voix haute; il peut faire cela plusieurs fois de suite. L'enfant doit, à chaque reprise de parole de l'adulte, tâcher de retrouver où s'effectue la reprise.
3 CHRONOMÉTRAGE
a) L'enfant lit une dizaine de lignes à voix haute. Chronométrer la lecture de chaque ligne (ou paragraphe) et noter les temps. Demander à l'enfant pourquoi il lit telle ligne plus lentement ou plus vite que telle autre.
b) Lire un paragraphe silencieusement en le chronométrant
Le relire à voix haute en le chronométrant
Comparer, trouver des raisons justifiant la différence.
Remarque: Le chronomètre ne vient pas mesurer une performance mais donne des critères de comparaison et indique les progrès.
4 LECTURE A L'ENVERS
Objectifs: amener l'enfant à re-photographier les mots qu'il repère en partie grâce au contexte. L'amener à mieux cerner ses points de repère.
a) En alternant à chaque ligne, l'adulte et l'enfant lisent le texte en commençant à la fin de chaque ligne (de droite à gauche)
Exemple: l'envers à lecture 4 (ligne du titre de cet exercice)
b) Même exercice mais en commençant le texte par la dernière ligne.
c) L'adulte lit le texte à l'envers très vite. Demander à l'enfant de suivre. Où s'arrête l'adulte ?
5 UNE LIGNE SUR DEUX
Objectifs: attention, balayage, repérage, enchaînements, anticipation, pas le temps d'opérer des retours en arrière; intérêt grammatical.
L'adulte lit à voix haute une ligne sur deux. L'enfant, prévenu, essaie de suivre et montre où l'adulte s'interrompt. (lire vite).
Inverser les rôles.
Variante: L'adulte lit une ligne à voix haute, l'enfant la suivante...
6 UNE PHRASE SUR DEUX
L'adulte lit à voix haute une phrase sur deux. L'enfant, prévenu, essaie de suivre et montre où l'adulte s'interrompt. (ne pas lire trop vite).
Variante: L'adulte lit une phrase à voix haute, l'enfant la suivante...
7 LES OUBLIS
En traverfant la rue,
v'ai oublié de regarder à gaufe !
L'adulte lit à voix haute en omettant systématiquement le premier mot de chaque ligne. L'enfant suit. Quand l'adulte s'arrête, l'enfant montre où. Inverser les rôles.
Variantes:
- même exercice en omettant le dernier mot de la ligne.
- même exercice en omettant le premier et le dernier mot de chaque ligne.
- même exercice en omettant un mot quelconque (ou deux) dans la ligne.
- même exercice en omettant un mot sur deux. L'enfant suit et montre où l'adulte s'arrête.
- Inverser les rôles.
8 UN MOT SUR DEUX, AVEC ERREURS
L'adulte lit à voix haute (vite) un mot sur deux, mais parfois lit 2 mots consécutifs ou saute 2 mots. L'enfant (par exemple muni d'une clochette) signale les erreurs.
Inverser les rôles.
9 CHACUN SON TOUR UN MOT
L'adulte lit le premier mot, l'enfant le second... Difficile.
Ne pas lire un long paragraphe mais essayer plutôt de trouver un rythme régulier à deux.
10 LES MAJUSCULES
Objectifs: balayage sélectif rapide, repérage d'indices (intérêt grammatical).
L'adulte lit très vite les mots à majuscules de la page, dans l'ordre, et seulement ces mots. L'enfant suit et montre où l'adulte s'arrête.
Inverser les rôles, ne pas accepter les oublis.
Variante: en plus des mots à majuscule, lire aussi les mots qui les précèdent.
11 LA PONCTUATION
Objectifs: balayage sélectif rapide, anticipation, repérage d'indices (intérêt grammatical).
L'adulte lit (vite) la ponctuation (et elle seule !) ligne par ligne. L'enfant suit en balayant le texte des yeux. Il montre où l'adulte s'arrête.
Inverser les rôles; ne pas l'interrompre en cas d'omission mais la lui signaler après.
Attention : exercice très « prenant »
12 LES ACCENTS
L'adulte lit vite ligne par ligne les mots avec accent (aigu, grave, circonflexe, tréma). L'enfant suit en balayant le texte des yeux. Il montre où l'adulte s'arrête.
Inverser les rôles, ne pas accepter les oublis.
Variante: lire le texte sans prononcer les mots qui ont un accent.
13 COMBIEN D' ACCENTS ?
A vue d'oeil, trouver la ligne où il y a le plus d'accents. Celles où il n'y a qu'un accent. Les lignes où on peut trouver deux (ou trois) accents différents.
14 FAIS COMME MOI !
L'adulte dit sans le montrer un mot à accent de la lecture. L'enfant cherche le mot, vérifie quelle sorte d'accent est dans ce mot, et cherche alors un autre mot de la lecture possédant le même type d'accent.
15 LE MOT INTERDIT
Munir l'enfant d'une clochette (ou de n'importe quel instrument sonore).
L'enfant lit le texte à voix haute. Certains mots ne doivent pas être dits, il les connaît (exemple de mots interdits: je, qui, les prénoms, les verbes en ait...). Quand il arrive sur ces mots, il agite la clochette au lieu de les prononcer.
On peut remplacer la clochette par un mot "passe-partout".
16 LE ROBOT
a) Proposer à l'enfant de lire à voix haute en détachant les mots, à la manière d'une machine. Chaque mot, bref ou long, devra cependant être dit entièrement et sans hésiter.
b) Proposer à l'enfant de lire à voix haute en groupant les mots arbitrairement deux par deux. Les mots devront être dits ensemble, sans hésitation.
Exemple: C'était par / un beau / soir de / juin. Emmanuelle / ...
c) Proposer le même jeu en groupant les mots 3 par 3.
d) Proposer à l'enfant de lire d'un trait les groupes de mots compris entre deux signes de ponctuation (difficile).
17 LE OU LA
L'adulte lit un passage de la page en remplaçant les déterminants masculins par des déterminants féminins. Inverser les rôles.
Convenir que le devient la, la devient le, un devient une...
18 CHERCHE ET RATTRAPE-MOI !
L'adulte lit à voix haute un passage de son choix - sans dire à l'enfant où il l'a choisi. Pendant qu'il lit (pas trop vite), l'enfant cherche des yeux à le rejoindre.
Inverser les rôles.
19 SCHTROUMPFER
L'adulte lit à haute voix en remplaçant les verbes d'action du texte par le verbe unique schtroumpfer. Il accorde les verbes. L'enfant suit.
Inverser les rôles.
20 LES VERBES INTERDITS
A tour de rôle l'adulte et l'enfant lisent des mots (3, par exemple) du texte. Le premier les prend sur la première ligne, le second sur la deuxième, puis le premier sur la troisième.... Ils doivent les dire vite, presque du tac au tac, mais ils ne doivent jamais dire de verbes.
21 LONGUEUR DES MOTS
a) Sans compter les lettres, trouve le (les) mots les plus longs de la page.
b) On propose un mot à l'enfant. A lui de chercher dans la page des mots de même dimension.
22 A LA PÊCHE
a) Faire pêcher les mots les plus longs. Y a-t-il des mots qu'on retrouve dans chaque paragraphe, plusieurs fois.
b) Faire pêcher les lignes qui ont le moins de mots, le plus de signes de ponctuation...
c) Faire pêcher les noms propres, les mots coupés par un trait d'union.
d) Faire pêcher les phrases interrogatives, exclamatives, négatives.
23 L'ESSUIE-GLACE
L'adulte agite un crayon comme un essuie-glace sur la page que l'enfant lit à haute voix. Ralentir le mouvement du crayon pour augmenter la difficulté.
Variante: déposer le crayon (ou un autre objet long) n'importe où sur la page. Demander à l'enfant de lire quand même.
On peut utiliser plus d'un objet ou des objets plus encombrants J
24 LA LIGNE SAUTÉE
L'adulte lit rapidement à haute voix. L'enfant ne voit plus le texte mais sait que l'adulte va sauter une ou plusieurs lignes. Après la lecture, on lui rend le texte et il essaie de retrouver la(les) ligne(s) manquante(s).
Variante:
a) même exercice avec un ou plusieurs mots (pas plus de 3)
b) même exercice en sautant une (ou plusieurs) phrase(s)
On peut inverser les rôles: excellent exercice d'anticipation.
25 LE MOT REMPLACÉ
L'adulte lit à haute voix une douzaine de lignes. L'enfant suit des yeux. En lisant, l'adulte remplace un (2 ou 3) mot(s) par un autre de sens proche. A l'enfant, après la lecture, de signaler la substitution.
Variante: ajouter un mot (ou deux).
Attention à bien préparer son coup, ce n'est pas facile.
26 A L'ENVERS
Poser le texte à l'envers devant l'enfant. Lui demander de lire à haute voix tous les mots qu'il reconnaît, n'importe où, sans contorsions !
27 GRAND BALAYAGE VERTICAL
L'adulte lit à voix haute la première ligne, puis la dernière, puis la deuxième, puis l'avant-dernière... en progressant vers le centre de la page. L'enfant suit des yeux et montre où l'adulte interrompt sa lecture.
28 LIS UNE LIGNE
a) La page étant devant l'enfant, lui demander de lire une ligne qui commence par exemple par D ou d. L'enfant cherche et lit. Inverser les rôles...
b) Même exercice mais lire une ligne se terminant par telle ou telle lettre.
c) Même exercice mais lire la ligne où se trouve un mot précis, tel ou tel signe de ponctuation, une majuscule.
29 LA PÊCHE AUX MOTS
A tour de rôle, les deux lecteurs pêchent des mots...
- en br, cr, dr, fr, gr, pr, tr, vr
- en bl, cl, fl, gl, pl, vl
- en illa, ille, illi, illo, illu...
- en ail, aille, eil, eille, ouil, ouille, euil, euille, oeil...
- en elle, enne, erre, esse, ette
- en in, im, ain, ein, aim...
- en ien, oin
- en ion, tion
- en gu, gn, oe, ph, qu
- en ieu, ier, ian ...
30 LA RIME
Je n'arrive pas à faire rimer mes yeux !A tour de rôle, l'adulte et l'enfant piochent des mots dans la page de lecture et donnent un mot qui rime avec le mot pioché.
Variante: piocher un mot et demander à l'autre de trouver un mot qui rime avec le premier.
31 DOUBLE LETTRE
Parcourir des yeux rapidement (silencieusement) quelques lignes de la page et signaler les doubles lettres rencontrées au cours du balayage.
Variante: même jeu mais avec tel ou tel groupe de lettres.
32 LES VOYELLES
Lire une ligne rapidement et dire ensuite si (au coup d'oeil) cette ligne renferme plus de E que A par exemple.
Rappelons l'ordre de fréquence décroissant des lettres de la langue française: ESARTINULO.
33 TON PRÉNOM
Pourrais-tu écrire ton prénom en n'utilisant que les caractères des lignes 1, 2 et 3 ?
34 ALPHABET
Jouer à deux: le premier trouve un mot commençant (ou renfermant) la lettre A. Le second joueur cherche un mot commençant (ou renfermant) la lettre B...
35 SANS
Pêcher à tour de rôle des mots sans E, sans S, sans A, sans R, sans T, sans N, sans U, sans L, sans O
36 LE CACHE
a) Poser une feuille blanche sur la page de lecture de manière à ne laisser qu'une colonne de lecture à gauche. Lire à voix haute ce qui est visible et faire lire tout ce qui peut être identifié.
b) Même exercice en laissant une colonne visible à droite.
c) Idem en mettant un cache à droite et un à gauche.
37 DU TAC AU TAC
Partager la page de lecture en deux par un trait de crayon vertical. Chaque joueur dispose d'une partie. L'adulte (leader) lit une ligne de sa partie. L'enfant doit lire la demi-ligne correspondante.
38 VRAI OU FAUX, QUI DIT QUOI ??
a) L'enfant ayant lu silencieusement son texte, l'adulte lui propose des informations; certaines sont exactes, d'autres erronées. A l'enfant de répondre vrai ou faux.
b) L'adulte lui propose des phrases du dialogue en lui demandant qui les a prononcées dans l'histoire.
39 COMPOSITION THÉÂTRALE
Demander à l'enfant de lire un passage de la page d'un air très gai, très triste, en colère, très étonné, endormi, prétentieux...
Variante (le caméléon):
a) Même exercice en changeant de ton à chaque ligne.
b) Même exercice en lisant une ligne en chuchotant, une ligne d'une voix normale, une presque criée...
40 CARICATURE
a) Demander à l'enfant de lire un passage en bégayant seulement sur le plus long mot de chaque ligne (ou sur un mot de chaque ligne laissé à son choix).
b) Lui demander de lire en caricaturant l'accent russe, allemand, en étant enrhuBé, en zozotant.
41 MEMOIRE
Deux joueurs, livre fermé.
A tour de rôle, les joueurs se rappellent des mots de la lecture (qui aura été faite avant). Le vainqueur est celui qui continue de trouver des mots quand l'autre tombe en panne.
Convenir que les petits mots ne comptent pas (moins de 5 lettres); éventuellement : donner des points en fonction de la longueur des mots, limiter le temps...
42 LES OBSTACLES
Sur la page de lecture, souligner au crayon quelques mots. Demander à l'enfant de lire à voix haute en remplaçant en cours de lecture les mots soulignés par leurs contraires (l'enfant peut préparer sa lecture; on peut l'aider à trouver les antonymes).
Inverser les rôles.
43 DANS QUEL ORDRE ?
a) L'enfant ne voit plus le texte. Lui lire à haute voix 2 phrases complètes choisies n'importe où. A l'enfant de dire si l'adulte les a lues dans l'ordre du texte ou pas.
Si l'enfant ne peut pas répondre de mémoire, lui donner le texte et lui permettre de chercher. Mais ne pas lui redire les phrases.
b) Même exercice avec 3 phrases.
Inverser les rôles.
44 LE TELEGRAPHE
Demander à l'enfant de sélectionner les 2 ou 3 mots les plus importants de chaque ligne, permettant de comprendre l'histoire. (éventuellement les souligner au crayon) et les lire.
Plus difficile: limiter la sélection à 2 voire un mot par ligne.
45 LA CENSURE.
Préparer un calque transparent (voir ci-contre) sur lequel on a disposé des taches de tailles diverses. Placer le calque sur la feuille du texte et faire lire l'enfant, l'aider.
Inverser les rôles.
46 BOULE DE NEIGE SYLLABIQUE
Un joueur pioche un mot d'une syllabe. Le second pioche un mot de 2 syllabes; puis le premier pioche un mot de 3 syllabes...
Si les mots de 4 syllabes ou plus sont rares, on peut revenir à une syllabe dès qu'un mot de 3 syllabes est trouvé.
Variante: chaque joueur, à tour de rôle, trouve un mot d'une syllabe, puis de 2...
Rappel: le E final précédé d'une consonne compte comme une syllabe; exemple: promenade a 4 syllabes, la dernière étant DE.
47 VERLAN
Partager la page en deux (comme vous voulez) , chaque joueur ayant sa zone. Les joueurs pêchent à tour de rôle les mots qu'ils veulent dans leur zone et les disent en verlan, sans erreur. L'adversaire doit alors montrer le mot sur la page.
Rappel: le verlan décompose les mots en sons, pour les replacer à l'envers. Exemple: ra-con-taient devient taient-con-ra.
48 CROISEMENTS
Choisir un mot du texte à lire et l'écrire au milieu d'une feuille de papier à carreaux à raison d'une lettre par carreau. Le joueur suivant devra trouver dans la page un autre mot ayant une lettre commune avec le mot déjà écrit, de telle sorte qu'on puisse l'écrire perpendiculairement à celui-ci.
On peut placer les mots où l'on veut sur le jeu, même en travers de mots déjà croisés par un autre mot. Seul l'adulte écrira, à moins que l'enfant ne le demande.
49 LA PHRASE INVENTÉE
En pêchant dans le texte un mot ici, un autre là (interdiction de prendre deux mots consécutifs), essayer de composer une phrase nouvelle, même sans rapport avec la lecture faite avant. La dire à l'enfant qui s'efforcera alors de retrouver les mots ayant servi à la combiner.
Inverser les rôles (difficile).
…
[1] Derborence, C.-F. Ramuz - LDP 3152 - éd 1973
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